L'OBEISSANCE

Premiers pas vers l’Obéissance

 

Ayant été sollicité par mon épouse pour écrire ce qui suit, je n’ai aucune prétention de détenir la bonne méthode pour préparer un chien au concours d’Obéissance, mais seulement donner des conseils en tenant compte de mes expériences en Obéissance avec les Bouviers des Flandres de notre élevage du Bas Vivarais : Piccolo, Solo et Tityo. Bonnes ou mauvaises, elles m’ont permis d’atteindre un certain niveau que j’espère encore améliorer en ne commettant pas les erreurs du passé. Si ces quelques conseils peuvent aider à faire progresser ceux qui veulent découvrir l’Obéissance, j’en serai ravi pour eux et le Bouvier que j’aurais plaisir à encourager ! Il existe plusieurs méthodes. Celle-ci en est une parmi d’autres que je vais m’efforcer d’expliquer par écrit en essayant d’être le plus clair possible.

 

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La discipline Obéissance doit se pratiquer dans la joie et la complicité avec le maître qui s’obtiennent dès le plus jeune âge. Il ne faut jamais perdre de vue ces impératifs !

Le retour vers le maître doit toujours être une joie. La réprimande est donc à bannir car préjudiciable. Elle aurait vite fait d’installer la méfiance et de dégoûter le chien de ce jeu éducatif.

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                                La fameuse boîte en plastique avec le morceau de gruyère !!!!!!

 

L’initiation à n’importe quelle discipline, plus particulièrement pour l’Obéissance, nécessite une motivation extrême vers un objectif. Celui-ci pourra être : *une balle, un boudin ou une boîte en matière plastique de 5 à 6 cm de diamètre qui se visse de préférence, dans laquelle on mettra, en présence du chien, des friandises dont il raffole : biscuits secs ; gruyère ; viande séchée ;  etc....

Au fur et à mesure de l’apprentissage des exercices, nous verrons combien cet objet de motivation sera important pour faciliter la réalisation de ce qui sera demandé au chien, surtout la boîte à demi remplie de morceaux de biscuit qui sera bruyante en l’agitant, ce qui aura pour effet d’attirer son attention. Le Bouvier est indépendant et un peu concierge, on le sait, il faudra donc essayer de maintenir cette attention du mieux que l’on pourra.

Il semble utile de rappeler à cette occasion que s’énerver ne sert à rien et que cela rendrait la suite encore plus difficile.   

 

Dès son acquisition, pour habituer le chiot à ne s’occuper que de ce pôle d’attraction, il faudra l’envoyer chercher cet *objet : « apporte », en le jetant le plus loin possible afin d’obtenir une grande vitesse aller et retour, récompensée chaleureusement par la voix (je préfère la voix au clicker que je considère trop impersonnel).

   

« Tout au long de l’apprentissage, le renforcement positif sera primordial à chaque phase d’exercice bien réalisée. Il sera concrétisé par une friandise ou par le lancé de l’objet de jeu préféré du chien »

L’apprentissage terminé, nous verrons que la récompense ne devra plus se faire systématiquement mais seulement à la fin d’un exercice que le chien n’affectionnera pas particulièrement.

 

Peu importe au début si le chiot ne ramène pas au contact du maître l’objet choisi (surtout pas un haltère de concours qu’il pourrait prendre l’habitude de mâchonner et qui nécessiterait par la suite beaucoup de travail pour faire passer ce défaut très pénalisé), chaque chose en son temps !

Lorsque la vitesse est acquise, procéder de la même manière mais en envoyant l’objet au milieu d’obstacles divers : chaises ; bouteilles en matière plastique ; cartons ; papiers etc… Il faut qu’il franchisse ces obstacles sans en tenir compte, d’où la nécessité d’une grande motivation pour ne voir que son objectif.

 

Lors de cette même période, et après ce premier jeu éducatif pour la vitesse , il faudra travailler : 1) le retour au pied en veillant au bon placement du chien, assis parallèlement au maître ; 2) la prise rapide des positions : Assis - Coucher - Debout ; 3) la tenue en gueule de l’haltère sans mâchonnement.

 

Lorsque l’on aura trouvé quel objet est le plus motivant, puisque synonyme de jeu ou de gourmandise, il aura les yeux rivés dessus. On pourra alors commencer l’exercice 4) : une suite au pied très brève, car naturellement le Bouvier des Flandres n’est pas un chien de contact, il faudra donc aborder cet apprentissage avec beaucoup de doigté.

 

Recommandation : Avant d’aborder la phase suivante d’un exercice, il faut être sûr que celle en cours d’apprentissage soit bien exécutée. Rien se sert de courir ! Par contre, si c’est le cas, il faut passer immédiatement à la suite pour éviter que le Bouvier se lasse.

L’apprentissage de l’Obéissance est comme un jeu de construction, on superpose les étapes en faisant attention de ne rien casser.

 

1)      Le retour au pied (important dès l’apprentissage, chien assis parallèlement au conducteur)

Il existe deux possibilité de retour au pied :

 

A) La première : Le retour se fait de deux façons :

 

a - directement à gauche du maître

La récompense est dans la main gauche au vu du chien, je le commande « Au Pied », il suit sa friandise. Je porte ma main loin en arrière et je la ramène en faisant un mouvement circulaire pour que le chien fasse demi tour. La main placé en avant de mon côté gauche, je la lève en pliant mon bras pour obtenir l’assis (récompense voix et friandise).  

b - en faisant le tour du maître

La récompense est dans la main droite au vu du chien, je fais un mouvement circulaire vers l’arrière en commandant « Au Pied ». Lorsque ma main est derrière mon dos je transmets rapidement ma récompense dans la main gauche qui se porte légèrement en avant de mon côté gauche, je lève ma main en pliant mon bras pour obtenir l’assis (récompense voix et friandise).

 

B) La seconde (façon RCI) :

Le chien revient devant le maître et s’assied, puis sur autorisation du commissaire il est commandé « Au pied »  

Cette méthode parmi d’autres permet d’éviter plus tard que le chien aille tourner loin derrière le dos lors d’un retour rapide au « Rappel direct » ou lorsqu’il aura l’haltère à rapporter.

Cet exercice se décompose en trois phases :

- Obtenir l’Assis. Pour cela, j’utilise la fameuse récompense dont il raffole en lui faisant voir. Lorsqu’il semble très intéressé, je la dirige comme pour passer au-dessus de sa tête en commandant « Assis ». Cette position obtenue je lui donne la récompense et le félicite de la voix (photo). Cette partie d’exercice peut se faire quand le chien est sur le côté ou devant.

- Le rappel « Devant ». J’attends que le chien en liberté soit à 4 ou 5 mètres devant moi, je lui fais voir la friandise que je tiens collée à mon ventre à hauteur de la ceinture en le commandant « Devant », tout en reculant. Lorsqu’il est à mon contact, je commande « Assis » et je le récompense comme ci-dessus.

Quand le chien a compris que le « Devant » se fait au contact du maître et qu’il s’assied sans commandement, je reste statique en commandant « Devant » (récompense friandise).

- Retour  au pied. Le chien assis devant moi, je me sers d’une autre récompense que je tiens dans ma main droite avec laquelle je fais un mouvement circulaire vers l’arrière en commandant « Au Pied ». Lorsque ma main est derrière mon dos je transmets rapidement ma récompense dans la main gauche qui se porte légèrement en avant de mon côté gauche, je lève ma main en pliant mon bras pour obtenir l’assis (récompense friandise).

 

2) Prise rapide des positions : Assis – Coucher - Debout 

A mon avis les enchaînements le plus difficiles sont du « coucher » au « debout » sans que le chien avance, et du « debout » au « coucher » par flexion des quatre membres.

Toujours en s’aidant de l’objet magique de motivation, pour moi la friandise, je me dirige vers Fuoco en liberté. Lorsque je suis à son contact face à lui, je commande « Debout - Reste  » tout en lui faisant sentir la friandise dans ma main fermée. En commandant « Coucher », je me baisse et descends ma main très vite vers le sol sous son poitrail pour éviter qu’il avance. Comme écrit plus haut, la prise de position couchée doit se faire rapidement en flexion des quatre membres. C’est ce qu’on appelle dans notre jargon d’Obé « un couché-tombé »

S’il n’y a que les pattes avant qui plient et que l’arrière reste en l’air, ce n’est pas bien grave, avec l’autre main, à partir du milieu du dos et en allant vers l’arrière, appuyer dessus tout en le caressant et en recommandant « Coucher ». Puis de la même manière, recommander le « Debout » et le « coucher » jusqu’à ce que l’exécution soit bien faite (récompense friandise). Si la friandise s’accompagne d’une récompense verbale, celle-ci devra être modulée en fonction de la réactivité du chien.

BDF-Obe-couche.jpgLorsqu’il exécutera parfaitement ce mouvement en suivant la friandise, placer le chien sur une palette en bois ou derrière un obstacle en forme de U haut de 15 cm et 30 cm de largeur pour ne pas lui laisser la possibilité d’avancer ou de se tourner. Essayer de commander ces deux positions en ne les récompensant qu’après exécution : « coucher » - récompense  accompagnée d’un « reste » lorsqu’on se relèvera, afin qu’il garde la position (comme pour cet apprentissage l’enchaînement de ces deux positions s’est fait rapidement afin d’obtenir l’automatisme, il aura tendance à vouloir anticiper le « debout », c’est normal). Pour bloquer le chien, j’utilise le commandement « reste » plutôt que « pas bouger » car il est plus court et fixe mieux mes chiens. Il ne faut pas oublier que par la suite ce commandement sera souvent utilisé, parfois à distance.

3) Tenue en gueule de l’haltère, sans mâchonnement   

Pour la réalisation d’un bon rapport d’objet sans mâchonnement, ce n’est pas par le jeu, comme nous l’avons fait au début en envoyant le chien rapidement vers son objet préféré pour obtenir la vitesse et la motivation. Le rapport dit « forcé » est le plus sûr mais aussi le plus long. Comme pour le reste, il ne faut pas être pressé et procéder par étape.

Selon le mode de rapport choisi, mettre le chien dans la position « Devant » ou « Au pied ». En lui ouvrant la gueule sans brutalité, placer l’haltère la plus grosse (450gr) en disant « Porte », maintenir la gueule fermée. S’il ne mâchonne pas, ce qui serait étonnant, attendre 2 ou 3 secondes en le complimentant et en le caressant calmement sur la tête. S’il mâchonne, lui faire comprendre que cela est mal en disant « Shut » et quand cela cesse « c’est bien ». On peut répéter cette phase deux ou trois fois par jour à quelques heures d’intervalle sans oublier de donner une friandise après chaque intervention. Lorsque le chien ouvrira spontanément la gueule au commandement « Porte », une étape importante aura déjà été franchie !

J’utilise le mot « Porte » plutôt que Garde ou Tiens pour l’initiation à cet exercice, car lors de l’exécution du rapport en concours je dirai « Apporte » où l’on retrouvera à la fin du commandement le mot porte qu’il connaîtra bien. Cette manière de coder les exercices est utile car souvent pour le Bouvier le temps de réaction à un commandement est plus long que pour un berger et il faudra faire avec.           

 

4) La suite au pied

Ceux qui connaissent mes chiens doivent penser que je suis bien mal placé pour donner des conseils en rapport avec cet exercice car mes suites avec Piccolo, Solo et Tityo étaient médiocres. J’en conviens, mais cela est dû au fait de ma formation Ring dont mes chiens ont fait les frais, et moi par voie de conséquence. Les suites au pied étaient obtenues en force, par répétition des « coups de sonnette ». La joie au travail et l’attention portée au maître n’avaient aucune importance. C’est tout le contraire pour l’Obé. Comme il faut savoir se remettre en cause, le débourrage de ma jeune Bouvière va donc se faire de façon différente.

Avant chaque départ, il est important que le chien regarde son maître, preuve qu’il est à l’écoute, en attente d’être récompensé, soit par l’envoi de son objet de motivation ou par la friandise tenue dans la main gauche, de préférence, plutôt que la main droite qui  risque d’habituer le chien à un placement de travers.

Les suites d’initiation doivent être courtes et récompensées à chaque arrêt dont l’assis est obtenu en repliant l’avant-bras vers le haut en même temps que l’on commande « Assis ». Lors de ces arrêts ainsi que des retours au pied, c’est la friandise dans la main ou l’objet de jeu qui permettra le bon positionnement parallèle du chien. A chaque départ une autre friandise aura remplacé celle que l’on vient de donner pour ne pas perdre l’attention du chien.

La suite au pied aux différentes allures sera réalisée, sans précipitation, car une suite imparfaite sera pénalisée aussi à l’occasion d’autres exercices.

Plus tard, la récompense se fera de moins en moins fréquente, cela dépendra de l’attention du chien.

PS : Pour ceux qui ont tendance à l’embonpoint, la ration journalière devra être un peu réduite les jours d’entraînements.  

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5) La tenue de place, chien « couché »

Ce qui a été appris doit bien sûr ne pas être perdu en enchaînant de nouveaux exercices. C'est-à-dire que pour la mise en position du « couché - tombé », si elle n’est pas encore obtenue systématiquement, il faut continuer à faire cette mise en place en utilisant la récompense comme indiqué au paragraphe 2. La position bien réalisée, il faut se baisser et donner la friandise, chien au sol. En se redressant, commander : « reste » et partir en reculant pour ne pas perdre le chien de vue, en répétant : « reste », la main levée et ouverte, paume dirigée vers le chien comme pour le bloquer (ce geste pourra servir plus tard pour le rappel avec blocage à distance). Il faut être très attentif au chien. Au moindre mouvement, il faut recommander : « reste » sèchement. L’apprentissage de cet exercice doit se faire avec autorité, mais le Bouvier, et d’autres, sont sensibles aux compliments. Ainsi, en reculant il faut alterner le : « reste » en l’accompagnant d’un : « c’est bien », apaisant (c’est le renforcement positif de cette phase d’exercice).

Pour les débuts, ne pas reculer trop loin et ne pas laisser longtemps le chien dans cette position afin de revenir à lui, sans qu’il ait bougé, et pouvoir ainsi le récompenser au sol.

La durée du maintien dans cette position sera allongée, très progressivement, car il est primordial que le chien soit resté couché au retour du maître.

Il faut commencer par faire cet exercice à vue, puis en se dissimulant derrière une cache en commandant : « reste ». Au bout de 2 à 3 secondes, sortir de la cache en disant : « c’est bien, reste » et se dissimuler à nouveau tout en augmentant le temps de dissimulation jusqu’à parvenir à 1mn ½ environ, en plusieurs séances.

Si la tenue de place est bien stable, il faut veiller à ce que le chien ait le regard fixé vers la cachette. A chaque fois qu’il est distrait, commander :« regarde », comme une prière et non pas comme un ordre. Un compliment : « c’est bien », renforcera son attention. Il faut qu’il ait du plaisir à regarder dans la direction où nous sommes, ou nous regarder lorsque nous serons à vue (cela servira plus tard pour beaucoup d’exercices où il est nécessaire d’avoir un contact visuel).

Il est important de surveiller constamment le chien pour lui rappeler le « reste » au moindre mouvement, et « regarde » en cas de distraction. Ainsi, même s’il ne nous voit pas, il aura vite compris que nous le surveillons.

Il ne faut pas oublier qu’à chaque fois qu’il aura l’occasion de nous prendre en défaut, il ne se gênera pas pour le faire !

Après de nombreuses séances, lorsque le Bouvier saura rester couché 1minute ½ environ hors vue, voire plus, car les chiens ont une montre dans la tête, l’exercice pourra se faire en présence d’autres chiens dont la tenue de place n’est pas un problème pour eux.

Par la suite, il sera utile d’habituer votre Bouvier à vous voir sortir du terrain pendant l’absence, sans le regarder. La première fois, il est préférable de ne pas s’absenter longtemps. Là aussi le temps de dissimulation sera allongé progressivement. Il faut qu’il ait une confiance en vous sans faille.

   

Recommandation : C’est avant de commencer un exercice qu’il faut le planifier avec le moniteur. Il ne pas entretenir de conversation sur le terrain pendant l’exercice d’entraînement, et à plus forte raison lors d’un concours.

Anecdote :

« A la coupe du monde des Bergers Français, à Falk, où Solo avait fait un super parcours en classe 3 qui lui aurait permis d’être à la première place, le juge m’a félicité pour cette performance. J’ai eu le malheur de le remercier pour ce compliment, mais il restait l’exercice des positons à distance ! Par cet échange verbal, Solo a considéré que le concours était fini, il n’était plus avec moi et n’a pas obéi à mes commandements (40 points de pénalité). C’est un souvenir qui marque! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

            

 

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